On change pas une equipe qui gagne. [Julian]

Murphy's Deli & Bar, voila sans doute l'endroit le plus culte de Providence. Tout habitant de cette ville se doit de conaitre ce petit snack. Rendez vous des familles, des couples, des amis, l'ambiance y est particuliere, chaleureuse, le patrons tres commercants, et les serveurs plutot mignons, rien ne manque a l'appel pour que le snack marche. Bien sur, la nourriture y joue un grand role, tres conviviale, on y sert des sandwichs, on mange avec les doigts et rien d'autres. La premiere fois qu'Eden a mis les pieds dans ce commerce de l'est de la ville, c'était en compagnie de son frere, Julian, et de ses deux parents. Elle n'avait alors que 6 ans. Le petit restaurant n'etait pas aussi connu qu'a présent, bien qu'il existait depuis plusieurs année deja. Si Eden s'en rapelle si bien ce n'est pas du au hasard, en effet, ce jour la, elle portait une petite robe a fleur, de tres mauvais gout au passage, mais il y a 20 ans, Eden l'adorait, si ca ne tennait qu'a elle, elle l'aurait porté tous les jours, meme en hiver. C'etait une de ces robes qui voulait si bien lorsque l'on tourne qu'on en voyait la culotte, au grand plaisir des petits garçons qui se trouvaient autour. Bref, voila la petite famille autour d'une table, chacun degustant son sandwich avec plaisir et agréable surprise en decouvrant la saveur de ceux ci. Julian avait de la sauce rouge un peu partout sur le visage, ayant beaucoup de mal a se nourrir correctement a cette epoque . Il en avait egalement plein sur les mains, et le jeune homme n'avait pas trouvé mieu que d'essuyer ses mains sur la robe de la petite fille. Voila, une belle - tout est relatif - robe de fleurs jaunes sur fond blanc, tachée d'une sauce aux couleurs rougeatres, rien de mieu pour declancher les pleures d'une fillette qui tennait tant a sa robe. Julian a recu en echange une bonne giffle de la part de celle ci et une petite fessée de sa maman. Pauvre Julian, qui ne comprennait pas vraiment ce qui lui etait arrivé, pour lui, cette robe avait toujours été moche, et n'avait fait que lui rendre service en la tachant à vie.

Bref, c'etait pour la petite annecdote. Il fallut tout de meme 2 ans pour que la jeune demoiselle accepte de retourner a l'interieur du Murphy's accompagnée de son petit frere. Mais cette fois, ils avaient pris 20 ans d'age, et se retrouvait dans ce meme endroit pour passer un peu de temps l'un avec l'autre. Julian n'allait pas bien, et voyait de moins en moins de monde, mais Eden ne faisait pas encore partie des gens qu'il rayait de sa liste, et esperait ne jamais le devenir. Elle lui avait donner rendez vous alors pour manger un peu ensemble avant qu'elle n'aille reprendre ses cours. Julian pouvait bien faire une petite pause dans l'ecriture de sa derniere nouvelle pour voir sa grande soeur cherie. Elle etait la un peu avant lui, elle avait deja pris les commandes, elle savait ce que son frere prennait d'habitude, et il n'en changeait jamais, Eden, elle aimait prendre une recette differente a chaque fois, histoire de diversifier les repas. Elle etait installée sur une petite table, a l'abris des regards, un peu en retrait, se serait parfait pour eux deux.

Les mains au fond de sa veste, une paire de lunettes noires glissée sur son nez, Julian n’avait plus rien de l’homme jovial qu’il était encore l’année précédente. La nouvelle qui lui était tombé dessus avait mit fin à certaines de ces espérances. Pour ainsi dire, aujourd’hui il n’éprouvait plus grand-chose. Il se sentait comme une coquille vide et ce, depuis des mois. Relever la tête, aller de l’avant, c’était les seuls conseils que les gens était capable de prodiguer autour de lui. Chaque personne vivait son deuil à sa façon et Julian n’y était pas prêt. Il doutait même qu’il le sera un jour. Sa vie avait prit un tournant dramatique au cours de cette année. Et actuellement, il avait juste envie de disparaitre de la surface du monde et qu’on l’oublie.

Le vent soufflait dans ses cheveux – non coiffés – comme d’habitude. Toujours un peu long, ceux-ci tombaient sur sa nuque et sa mère râlerait si elle le voyait ainsi. Son visage blême, ses yeux semblaient renfoncés dans leurs orbites, quand aux cernes qui apparaissaient sous ses yeux, heureusement elles étaient dissimulés par ses lunettes. Un passant le regarda de travers, lui jetant un regard dédaigneux. Julian se contenta de passer son chemin. Il était conscient qu’il faisait peine à voir, mais il s’agissait de sa vie, de ses choix et pour l’instant, il ne s’agissait que d’attendre le jour suivant, encore et encore. Peut être qu’un évènement fera pencher la bascule et que finalement, sa vie tournera court. Les accidents se produisaient chaque jour, que ça soit sur la voie publique, à l’hôpital, dans un avion ou encore être victime d’un psychopathe. Personne n’était à l’abri. Alors pourquoi lui, le serait il ?

Levant la tête, il s’assura d’être bien devant le lieu de rendez vous. L’endroit lui était des plus familiers. Providence était sa ville, il ne l’avait jamais quitté. Ainsi tous les endroits les plus cotés, il les connaissait. Il avait l’habitude d’y venir. C’était avant. Avant la maladie, avant les rendez vous chez les neurologues et oncologues, avant la fin en sommes. D’une certaine façon, il en voulait à sa sœur de l’attirer ici. Ses derniers temps, il évitait de sortir ou il passait son temps à tourner en rond dans le loft ou encore à déballer des affaires. Depuis plusieurs mois, il avait été incapable d’aligner deux mots. C'est ainsi qu'il avait décidé de remettre à plus tard, l'idée de se pencher à nouveau sur ses écrits. De plus, le sommeil lui manquait. Une nuit complète, il ne savait plus réellement à quoi ça ressemblait. Il avait perdu l’équilibre. Il était comme ce funambule sur son fil qui a fait la moitié du chemin. Que faire à cet instant, continuer et risquer de tomber ou revenir sur ses pas, avec cette peur enserrant ses tripes ?

Poussant la porte, les odeurs lui parvinrent très vite. Ces mêmes odeurs qui avait parfumé son enfance lorsqu’il venait ici avec ses parents et sa sœur. Ça se terminait généralement en chamailleries entre eux. C’était le bon temps. Eden et lui, deux enfants heureux dans une famille géniale. Tout ça remontait à une bonne vingtaine d’années, à l’époque il n’était que des enfants. Ce qui n’est plus le cas aujourd’hui. S’enfonçant dans le snack-bar le plus réputé de providence, il n’eut guère de difficulté à la trouver. Dans un coin discret, à l’abri des regard, c’était tout à fait Eden. Ainsi, pas moyen de faire de vagues. Néanmoins, il savait que c’était en partie parce qu’il ne lui avait pas donné de nouvelle depuis une semaine, qu’elle avait prit sur elle de l’obliger à se voir. Pour faire simple, elle allait le cuisiner et cette optique ne l’enchantait guère. S’approchant nonchalamment d’elle, il l’embrassa sur la joue en marmonnant un « bonjour » avant de finalement se laisser tomber sur sa chaise.

« - Tu voulais me voir ? » lança Julian comme si de rien était, sans ôter ni sa veste, ni ses lunettes. Prêt à partir si la conversation tournait court.

En effet, une semaine qu'Eden enchainait les appels et elle conaissait la messagerie du jeune homme par coeur. Une voix feminine qu'elle fini par ne plus supporter d'ailleur. Elle avait enfin réussi a avoir son frere au telephone la veille, elle le previna pour le rendez vous et ne lui avait pas vraiment laissé le choix. Elle n'aimait pas etre sans nouvelle, elle se sentait toujours un peu mal, surtout que ce que vivait Julian n'etait en rien facile. Elle ne pouvait pas le laisser se morfondre tout seul, elle devait etre la pour lui, comme ils avaient toujours été là l'un pour l'autre. Elle n'avait pas eut grande réaction de sa part au téléphone, c'est pourquoi elle preferait couper cours à la conversation et lui parler de vive voix, en le regardant dans les yeux.

Le matin meme Eden avait deja eut cours, elle n'avai que peu de temps entre midi pour voir Julian, mais elle lui accorderait autant de temps qu'elle pourra. Elle venait juste de recevoir un message auquel elle avait pris la peine de repondre lorsqu'une ombre se dessina sur la table ou elle etait installé, levant les yeux elle vit donc Julian. Il avait une sale mine, fatiguée, faible, les traits plus que marqués. Eden se sentit soudainement mal a l'aise. Celui ci deposa un leger baiser sur la joue de sa soeur, et laissa echaper un petit bonjour de ses levres... Elle ne le sentait pas du tout motivé, comme s'il n'avait pas envie de la voir. Elle se redressa et rangea son portable dans la poche de sa veste qui pendait sur le dossier de sa chaise. Il etait tres distant avec elle, il ne pris meme pas la peine de se devetir, comme s'il allait partir d'ici les 5 prochaines minutes. Elle le regarda alors, et fit mine de rien.

Je t'ai pris L'italien, comme tu le prends a chaque fois.

Ils n'allaient pas tarder a etre servi d'ailleur, puis elle ajouta ensuite

Tu pourrais au moins enlever tes lunettes...
Je me suis demandé quand est ce que je reverrais mon frere, un sms, un mail c'est pas trop demandé quand meme Julian. Je reprend les cours dans une heure et demi, j'espere que j'aurais ta compagnie d'ici la au moins.

[i]Son portable sonna a nouveau... elle s'excusa rapidement, sortie celui ci pour le couper afin de ne plus etre deranger, elle est la pour son frere donc lui accodera toute l'atention dont il aura besoin.. et elle sait qu'il en a besoin.

Julian avait toujours voué une certaine admiration à Eden. Parce qu’elle était son ainée, parce qu’elle était optimiste, elle savait exactement ce qu’elle voulait et ce pour quoi elle se battait. Elle possédait cette force de caractère qui pouvait rendre la vie impossible à beaucoup de personne. C’était généralement ce que les gens remarquait le plus vite. Julian connaissait le verso du caractère de sa sœur. Elle possédait une forte notion de famille. Tant et si bien que tout deux était très lié. Ça n’était pas pour rien que depuis toujours, ils ne se passaient pas une semaine sans que l’un ou l’autre se contact, pour une soirée, un déjeuner, juste un coup de fil ou même pour une fête ou encore un dîner chez leurs parents.
Force était d’avouer que Julian avait grandement mit des distances depuis la disparition de Mary. Personne ne pouvait imaginer sa souffrance, éprouver le vide constant qu’il ressentait ou même – ça lui arrivait parfois – d’entendre la voix de la jeune femme. Lui dire adieu s’était avéré impossible jusqu’à maintenant. Comment le pourrait il ? Elle était sensé vieillir à ses cotés, lui donner une famille, faire de lui ce qu’elle avait commencer. Un homme heureux. Et voilà qu’une stupide tumeur en décida autrement. Aujourd’hui sa vie était vide de sens. Qu’allait il faire de sa vie ? Son existence lui passait bien au dessus de la tête. Tout ce qui comptait était le moment où il partirait. Il n’était pas rare qu’il y songe. Surtout ses derniers temps. On n’irait pas dire qu’il était suicidaire. Non, mais parfois il se mettait à imaginer comment il la rejoindrait. La souffrance était un gouffre sans fin. Lorsqu’on s’en approchait il était pratiquement impossible de s’en sortir où même de s’éloigner. Il restera toujours une trace de votre passage près du précipice. Et en cet instant, il ne souhaitait pas s’éloigner car il considérait ce geste comme un abandon. Il culpabilisait déjà de survivre alors qu’elle n’était plus là, alors l’abandonner serait le summum. Il n’était encore en mesure de partir ou même de la laisser partir. C’était bien au-delà de ses forces.

Face à Eden, qu’il embrassa brièvement en lui décrochant un vague « bonjour », il sut rien qu’au regard qu’elle lui adressait, qu’elle ne laisserait pas filer l’occasion. Elle n’était pas là pour rigoler. Lui-même savait qu’elle souffrait également de l’absence de Mary. Mais c’était diamétralement différent. Lui, l’aimait. Peut être l’aimerait il toujours. En cet instant, il était incapable de dire si un jour une autre femme parviendra à trouver une place dans son cœur. Toujours était il qu’à cet instant, Mary obnubilait ses pensées… matin, midi et soir. La remarque de sa sœur ne le fit pas broncher. A quoi s’attendait elle ? Qu’il saute de joie et lui demande des nouvelles de son dernier petit ami en date ? s’il se faisait une soirée vidéo dans la semaine ? C’était bien le cadet des soucis de Julian. Ainsi, il se contenta d’un hochement de tête.

Il n’avait pas la tête à parler et pourtant, il était conscient que c’était exactement ce qu’attendait sa sœur. Attendait elle qu’il s’écroule devant elle ? qu’il laisse exploser sa colère, sa frustration et sa souffrance d’avoir perdu l’être qu’il aimait le plus au monde ? Il ne voulait voir personne. Juste être seul mais Eden lui forçait la main. Et il avait une sainte horreur de ça. Elle commença alors son monologue alors qu’il ne l’écoutait que d’une oreille. Son regard était fixé sur le mur derrière elle. Son silence l’irritait, difficile de ne pas le remarquer. Durant une brève seconde, il songea à ne pas lui répondre. Mais la connaissant, il sut qu’elle ne s’arrêterait pas là.

« - J’avais plus de batterie… » fit Julian, tout en sachant que sa sœur ne le croirait qu’à moitié. « Mais si tu veux vraiment savoir… en ce moment, j’ai pas la tête à sortir. C’est pas contre toi, ou Lucas… j’ai besoin d’être seul. Complètement seul. » appuya le jeune homme sur ses derniers mots alors qu’un serveur déposait son plat devant lui. Il jeta un rapide coup d’œil à se dernier qui lui lança un regard circonspect. Julian fixa alors sa sœur qui éteignait son portable. « Tu as bien mieux à faire Eden. J’ai pas envie de parler. En fait, j’ai envie de rien. Je vais te simplifier les choses. Tu ne m’as pas vu, tu ne m’as pas entendu et tu vas me laisser partir tout simplement… »
Dit de cette façon, tout pourrait être simple. Il avait beau avoir son repas favori sous les yeux, rien ne le retiendrait. Personne ne pouvait mettre des mots sur la souffrance qu’était son quotidien. Pas même sa sœur. Alors pourquoi s’évertuer à continuer à vouloir le psychanalyser ? Prêt à partir, il commença à se lever mais Eden fut la plus rapide en posant machinalement sa main sur la sienne, l’obligeant à obtempérer.

La mort de Mary avait touché beaucoup d'anciens eleves qui etaient de cette meme promotion, dans leur classe, mais pas seulement, beaucoup se sont sentie concerné par cette absence, cette disparition, mais aucun ne peut savoir le manque que cela puisse provoquer en Julian. Eden elle meme ne le savait pas, elle ne saura d'ailleur jamais. Ils etaient tous les deux liés par une force incroyable, il suffisait de les voir ensemble pour savoir qu'ils se suffisaient a eux meme. Ils etaient un peu comme dans une bulle, lorsqu'ils etaient ensemble, il n'y avait plus qu'eux, rien de ce qu'il pouvait se passer autour ne les importait. Certe Eden ne peut rien savoir, ne peut pas ressentir cette meme douleur, mais elle peut comprendre, ou essayer. D'ailleur, c'est bien ce qu'elle fait, elle comprend tout a fait qu'il n'ait plus envie de voir du monde, qu'il veuille rester chez lui, a tourner en rond dans son loft, les volet fermés, aucune télé qui ne marche, une petite lumiere dans un coin, rien de plus, elle l'imaginait tres bien d'ailleur, si ce n'est de l'avoir deja vu en arrivant a l'improviste chez lui. Seulement, elle ne pouvait pas le laisser, le regarder sans rien faire, elle voyait bien que jours apres jours il se creusait lui meme un trou duquel il aurait beaucoup de mal a en sortir... Elle ne fait alors que lui tendre une echelle, que lui seul peut decider de prendre ou non, mais elle lui apporte tout de meme de l'aide. Seulement, elle se sens impuissante face a la force du manque que provoque l'absence de Mary.

Eden parlait a Julian, mais elle se demandait si seulement il l'ecoutait, si seulement il allait lui repondre ou s'il se moquait completement de sa presence. Il etait venu par obligation, elle en etait bien consciente, mais ca deviens trop pour elle. Il deigna alors lui repondre, pretextant qu'il n'avait plus de battrie, elle n'y croyait pas une seule seconde, d'ailleur elle leva les yeux une fois ces paroles prononcées. Elle reposa son regard sur son frere qui lui faisait vraiment de la peine. Son visage etait si creusé, elle ne voyait ses yeux qu'a moitié, a travers les carreaux de ses lunettes, mais c'etait suffisant pour voir qu'il ne dormait que tres peu.

Julian avait bel et bien l'intention de s'en aller, laissant sa soeur en plan, lui precisant qu'ils allaient faire comme s'ils ne s'etaient pas vu... il se moquait d'elle la. Elle ne pouvait pas faire ca, elle voulait passer ce moment avec lui, alors elle aura ce qu'elle veut. Elle etait certaine que ca ne pourrait lui faire que du bien. Elle etait bien consciente qu'elle ne lui ouvrirait pas les portes du bonheure si facilement, mais elle voulait simplement qu'il retrouve un peu le sourir, qu'il reprenne gout aux sorties, simplement aller voir Lucas. D'ailleur, celui ci n'avait pas plus de nouvelles qu'Eden, elle l'avait apellé dans la semaine et lui tombait egalement sur la messagerie de Julian dès qu'il tentait de l'apeller.

Il etait sur le point de se lever, rabattant la chaise sur laquelle il etait assis vers la table... Eden glissa doucement sa main sur la sienne, et le regarda de maniere insistante, puis ajouta alors

Tu sais tres bien que je ne ferais pas comme si je ne t'avais pas vu ni entendu. Julian, s'il te plait, je te demande une heure et demi de ton temps, c'est pas la mer a boire. Apres tu seras libre de faire ce que tu veux...

Elle regarda la chaise ensuite comme pour lui faire signe de se rassoir... elle ignorait presque le fait qu'il lui ai dit qu'il n'avait pas envie de parler, envie de rien...

Tu devrais manger un peu aussi, ca ne te ferais pas de mal, tu as une sale mine. En ce qui concerne Lucas, je l'ai eut au telephone hier, tu pourrais lui donner signe de vie à lui aussi... ce serait sympa. Papa et maman s'inquietent aussi, bref, tout le monde s'inquiete pour toi, tu pourrais faire un petit effort quand meme.

Toute la semaine, il avait filtré les appels sur son portable. En premier lieu ses proches, Eden en tête de liste. Sa sœur savait s’y prendre pour lui faire la vie dure et en fait, il n’avait pas eu d’autre choix en fin de semaine que d’accéder à sa requête. La connaissant, elle était bien capable d’avoir recours à des moyens encore plus radical et ça n’était en aucun cas son vœu. Quatre mois c’étaient écoulés depuis la disparition de Mary. Peut être que les autres avaient oublié ou était passé à autre chose, mais il en était tout simplement incapable. Mary était son essence, la raison de se lever chaque matin et ce, depuis des années. Que faire maintenant qu’elle était partie ? Réapprendre à vivre ? La vie n’avait plus de goût depuis son départ, il n’était qu’une enveloppe corporelle errant dans un loft vide.

Bien des semaines auparavant, Lucas lui avait proposé son aide pour l’agencement de l’appartement mais Julian, à son habitude avait simplement mentionné un « plus tard ». Il n’avait pas la tête à la décoration ou même à monter des meubles. A vrai dire, il n’avait la tête à rien. Son ordinateur portable trainait sur la table basse du salon, tout comme une quantité astronomique de photo de Mary et lui. Dépressif ? Tous les psys en conclurait une sérieuse dépression. Cependant malgré les remarques de ses proches, de ses parents ou encore de sa sœur, il avait refusé catégoriquement de consulter un psy. Il fallait reconnaitre que l’initiative était loin d’être stupide. Julian ne voulait pas parler de Mary, du manque qu’il ressentait ainsi que de ce mélange de frustration, culpabilité et de cette souffrance. Il souhaitait juste cesser d’exister aux yeux du monde et des autres.

C’était devant une messagerie pleine de ses amis, de sa famille et de son impatient d’éditeur, qu’il avait finit par décrocher son téléphone lors du énième appel de sa sœur. En vérité, il avait pensé la duper. Ecouter son discours pendant un repas, tandis qu’il s’évaderait dans ses pensées comme il avait tendance à le faire si régulièrement. Fort était de croire qu’Eden le laisserait en paix. Ça n’allait pas de paire avec son caractère. Il se mit à l’écouter d’une oreille, en faisant acte de présence. Sa sœur était l’être qu’il aimait le plus après sa femme, parce que leur relation était unique et que rien jusqu’à maintenant n’était parvenu à les éloigner l’un de l’autre. Pourtant, il ne voulait se trouver dans cet endroit. Se retrouver au calme - loin du bruit incessant des conversation – dans son appartement aux volets perpétuellement fermés, écoutant le craquement du parquet de temps à autre ou encore les voix des voisins se disputant. Il préférait encore supporter ça que d’écouter sa sœur lui dire, qu’elle ne ferait rien de ce qu’il venait de lui lancer. Evidemment qu’il comprenait son geste, que si elle agissait ainsi c’était pour le faire réagir, pour l’aider à se réveiller, à attirer son attention mais c’était plus fort que lui. Il refusait cette vie sans Mary. Debout derrière cette chaise, le regard d’Eden se faisait de plus en plus insistant. Rare était les moments où elle n’avait pas gain de cause. Néanmoins, il resta de longues secondes à la fixer, sans bouger d’un pouce. Il se pinça les lèvres et songea qu’elle pourrait avoir recours à un moyen bien plus radical dans les jours à venir, si il ne cédai pas maintenant. Sans un mot, il l’écouta poursuivre, tout en sachant déjà qu’il devrait manger cet italien qu’elle lui avait commandé et surtout qu’il resterait durant cette heure et demie, même si c’est au fond de son appartement qu’il se sentirait le mieux.

Ses propos ne l’étonnait guère, il savait à quoi il ressemblait. Un cadavre aurait eu meilleure mine, il en était conscient. Mentionnant Lucas et leurs parents, il savait pertinemment que toues ses personnes s’inquiétaient de son silence et de ses réaction ou plutôt de son manque de réactions. Ce fut les derniers mots de sa sœur qui le vit sortir de cet état quasi catatonique.

« - Pour quoi faire Eden ?! Dis le moi ! Pourquoi je ferais des efforts ?! Tout ce que je souhaite, c’est la rejoindre ! Ma vie n’a plus aucun sens depuis qu’elle est partie ! Je suis mort le jour où elle a rendu son dernier souffle ! Pourquoi continuer à vivre lorsque la personne qui a fait de toi, une personne complète, n’est plus là ?! » articula un Julian dévasté entre sa colère et sa souffrance qui se reflétait désormais sur ce visage qui, un peu plus tôt n’exprimait que froideur et lassitude.

Eden n'avait qu'une envie a ce moment precis, c'etait de se lever et secouer son frere comme elle ne l'avait jamais, lui mettre une bonne petite dizaine de claque dans la figure et ensuite elle se sentirait peut etre mieu, ou au cas contraire, elle s'en voudrait du geste qu'elle aurait eut en son egard et se serait mis a culpabiliser et prendre son frere dans ses bras. Mais au moins, elle aurait fait quelques chose, meme si l'espoir que que Julian sorte de son trou soit minime, de plus en plus affaiblie, mais elle aurait essayé. Julian ne machait pas ses mots, il etait tres radical ,et n'epargnait pas vraiment sa soeur... elle se doutait que ce n'etait pas vraiment contre elle, mais lorsqu'il dit que sa vie n'avait plus aucun sens, elle se demandait bien en quoi elle lui etait utile, pourquoi se battait-elle pour retrouver son frere, son Julian, souriant, plein de vie, a la limite de l'hyperactivité parfois. Lui qui devenait hysterique lorsque sa l'une de ses musiques preferée passait a la radio, lorsqu'il s'agissait de faire un concours contre Eden pour savoir lequel connaitrait le plus de morceaux en musique classique, rien que l'idée d'ecraser sa soeur a ce jeu le faisait jubiler. Elle ne pouvait pas le nier, il etait bien meuilleur qu'elle a ce jeu. Sauf que a présent, meme ce petit detail ne lui donnerait plus le sourir, rien de tout ce don il se contentait auparavant ne lui suffisait, il etait devenu exigeant, selectif et stricte avec lui meme. Se privait il pour Mary? Est ce que pour lui, il doit se punir d'etre toujours la alors que Mary ne l'est plus, culpabilisait il alors qu'elle soit partie la premiere? Eden etait sure d'une chose, Mary n'aurait jamais voulu qu'il se renferme sur lui meme comme c'est le cas, elle est sure qu'elle ne voudrait qu'une chose, son bonheure, qu'il releve la tete, qu'il marche en regardant devant lui, et non pas a reculon. Eden lacha alors une phrase qu'elle regretterait sans doute, une phrase qu'elle avait bien preparé et qui ferait sans doute réagir Julian plus que n'importe qu'elle autre intervention de sa part...

Mary doit etre bien deçu de ton comportement a l'heure qu'il est...

Elle ne lacha pas son regard, au contraire elle le soutenait, elle attendait une quelconque réaction de sa part. Celui ci etait surement blessé d'entendre telle chose, car s'il y a bien une chose qu'il ne voulait pas c'etait decevoir Mary. Seulement il n'en avait pas la force, il ne s'en rendait pas encore compte, mais la, peut etre bougera t il, peut etre se dira t il qu'il est temps qu'elle soit enfin fiere de lui... rien n'est perdu, il peut etre se relever, Eden connaissait son frere, elle savait qu'il ne se laissait jamais abbatre, mais la, il faut avouer qu'elle ne le reconnait plus. Elle ne perd pas espoir...

Julian etait deja en colere, il n'avait qu'une hate, c'etait de s'en aller, Eden l'avait bien compris ,et ce depuis les premieres secondes ou il etait entré dans ce snack. S'il se mettait en colere, Eden en ferrait autant, c'en est assez de toujours le prendre avec le dos de la cuillere...elle etait tout a la fois bléssée, déçue et toute retournée par ce qu'il avait dit... il etait mal, mais ca ne lui permettait pas toutes ces paroles...

Faudrait que tu te reveille, regarde toi, tu sors meme plus de chez toi, il y a meme plus un rayon de soleil qui entre dans ton loft. Meme voir ta soeur te semble etre le bout du monde ...

Le monde pouvait bien cesser de tourner autour de lui, qu’il n’aurait pas réagit. Julian possédait cette force au fond de lui. S’il le désirait, il pourrait remonter la pente. Mais pour quoi faire ? Vivre une existence misérable d’écrivain complètement perdu et incapable de s’ouvrir aux autres ? En décidant de renouer le contact, il prouverait à ses proches ses capacités. Seulement, il ne le voulait pas. C’était son choix. Car en prenant cette décision, il optait pour oublier Mary, pour passer à autre chose et surtout à accepter sa disparition. Bien des mois auparavant, il s’était préparé à cette éventualité mais la souffrance qu’il éprouvait n’était en rien comparable avec ce qu’il avait présagé. Elle était mille fois plus intense. L’image de son couple avec Mary était particulière. Il était symbolique et représentait ce bonheur incommensurable. Le bonheur était généralement un équilibre de petite chose et il en fallait peu pour que la tendance se renverse. Cependant entre Mary et Julian, personne n’était parvenu à les imaginer se disputer. Complémentaire, présent l’un pour l’autre, lorsqu’on cherchait une référence pour parler d’un couple heureux, leurs prénoms venaient immédiatement aux lèvres. L’amour n’était pas beau, l’amour était Mary et Julian. Et ça, pour pas mal de leur entourage. Ils vivaient dans une véritable bulle de bonheur. On pouvait rire de leur relation lorsqu’ils étaient ensemble mais la vérité était que cette relation faisait des envieux. Eden qui était face à son frère, qui lui était désormais presque inconnu, tentait de le faire réagir. Ce qu’elle parvenait à faire, non pas sans manque de tact. Du moins, sa stratégie portait ses fruits. Julian perdait le contrôle et les propos de sa sœur lui faisait mal, car d’une certaine il était conscient de ce qu’elle faisait. Les mains sur le dossier de la chaises, ses articulation blanchirent et il dut serrer les mâchoires afin de mieux contrôler cette colère qui l’éprouvait.

« - Je t’interdis de parler de ma femme sur ce ton ! » vociféra Julian en fusillant sa sœur du regard. « ça n’est pas parce que tu es ma sœur, que tu as tous les droit Eden ! »

Il était furieux contre elle maintenant. Elle savait s’y prendre pour le mettre à l’épreuve. En venant dans ce snack, il savait qu’il aurait du s’attendre à de tel propos. Jamais, elle ne pourrait comprendre ce qu’il éprouvait. Il ne le lui souhaitait pas d’ailleurs. Non, lui tout ce dont il rêvait secrètement était de pouvoir revenir en arrière et d’arranger cette situation. Mary n’avait jamais mérité de partir si jeune. Il avait encore tant de choses à apprendre d’elle. Pourquoi se fallait il qu’on la lui arrache si soudainement ?

Par le regard d’Eden, il voyait déjà le chien enrage se préparer au combat. Il ferait front. Il était malheureux et désespéré mais il avait les armes pour se battre. Il ne demandait rien à personne, juste qu’on le laisse tranquille. Sa sœur remuait le couteau dans la plaie et il détestait ça, mais pouvait il lui en vouloir ? Non, parce qu’il savait pertinemment ce qu’elle cherchait. Lui, une réaction, un mot, une explosion. Elle voulait revoir son frère, celui qui avait fait de sa vie celle qu’elle était aujourd’hui. Julian ne lui en voulait pas de le pousser dans ses retranchements, mais ça l’irritait énormément. Ce fut sans même réfléchir que ses mots jaillirent de ses lèvres.

« Et alors ? c’est ma vie ! mes choix ! mes décisions. Je suis majeur et libre de faire ce que je veux. Et ça n’est certainement pas toi, qui m’obligera à faire ce que tu souhaites. Je ne suis pas ta marionnette, Eden ! Pourquoi vous refusez tous de me laisser souffrir en silence ?! Je ne vais pas me jeter d’un pont, me pendre, ou me tirer une balle dans le tiroir caisse ! Je veux juste du temps. C’est trop demander ? » s’emporta Julian, sans quitter sa sœur des yeux, comme si pour la première fois, il osait enfin lui dire le fond de sa pensée sur ce qu’il éprouvait depuis des mois. « Je ne suis pas suicidaire. Ma femme me manque à chaque seconde. Je sais parfaitement ce que je fais et il ne s’agit pas de la décevoir… je lui ais fait une promesse et je m’y tiendrais, mais avant ça… je veux profiter de mes derniers instants avec elle. C’est si dur à comprendre ? »

Voila, comme prevu, Eden avait touché le point sensible de Julian, elle avait osé parler d'elle, mais de maniere concrete, en prononceant son nom et en plus de cela, elle s'etait permise de parler a sa place. La réaction de Julian fut positive dans un sens, voila qu'il commencait au moin a s'emporter, il se laissait un peu plus aller, il parlait de Mary. Mary qu'il apellait toujours " ma femme ", bien sur, elle ne pouvait pas lui reprocher, elle sera sa femme et a jamais, mais seulement, a entendre Julian, on a l'impression que celle ci est toujours la, présente dans ce monde. Il n'en est plus, Mary est partie, Mary est morte. Bref, elle avait eu exactement la réaction qu'elle attendait apres avoir sortie cette phrase toute preparée... il lui sortie aussi le petit discours, il est vrai que meme etant sa soeur, meme etant tres proche de lui, meme si elle est sans doute la personne quui sait le plus de chose a son sujet, elle ne peut pas se permettre telle remarque. Elle n'avait d'ailleur pas vraiment aprecié le regard qui avait accompagné ses mots. Peut etre portait il des lunettes, mais on y voyait un minimum ses yeux a travers, et ce regard, Eden ne le conaissait que trop bien. Elle n'en est pas souvent victime, mais lorsqu'il lui fait, il est bien plus que serieux.

Elle ne pris pas vraiment la peine de repondre a cette petite attaque, elle ecouta simplement ce qu'il avait a lui dire par la suite. D'aileur, cette fois ci, elle trouva sa réaction plutot pueril, du moins lorsque celui ci evoqua le fait d'etre mageur... c'etait l'excuse que chacun sortait pour se defendre, faire le rebel et ainsi de suite. Mais une excuse sortant de la bouche d'adolescants, venant tout juste d'attendre la majorité, Julian avait passé ce cap depuis quelques années deja, et il etait capable de bien mieu que cela. Il s'emportait, et pour la premiere fois sans doute depuis plusieurs mois, il en disait en plus plus sur ce qu'il ressentait, sur ce qu'il avait vraiment sur le coeur. Quitte a ce qu'Eden s'en prenne plein la tete ,c'etait d'ailleur surement le dernier des soucis du jeune homme a ce moment la, elle avait fini par le pousser a bout, par le faire craquer... c'est ce qu'elle avait voulut, et voila le resultat qu'elle obtennait, loin d'etre decue, mais elle se demandait si elle n'y avait pas été un peu fort quand meme... de toute facon, il etait a présent trop tard pour revenir en arriere.

Eden tilta sur l'une de ses dernieres phrase... il lui avait fait une promesse, elle se demanda alors de quoi il pouvait bien parler, de quelle promesse s'agissait il? Eden n'avait jamais eut vent d'une quelqu'un promesse de la part du jeune homme, il ne lui en avait jamais parler, mais a quoi voulait il faire hallusion alors... le regard de la jeune demoiselle s'adoussissait au fur et a mesur qu'il parlait. Elle comprennait en effet qu'il voulait du temps, c'est sur, mais etre seule, ca elle avait du mal. Il voulait profiter de ses derniers instants avec elle, seulement, de quels instants pouvait il parler? Les derniers instants qu'il avait eut avec elle, les vrais moments datent de 4 mois maintenant...

De quoi tu parles Julian? Quels instants, vous n'avez plus d'instants a vous. Tu le sais tres bien...

La colere qui avait si rapidement envahie la jeune demoiselle laissait peu a peu place a un peu de culpabilité, encore, elle ne ressentait ce sentiments que lorsqu'il s'agissait de son frere, refusant de se dire qu'elle le faisait vraiment soufrir, qu'elle lui faisait du mal, refusant de le voir simplement mal. Elle ne cherchait plus a le blesser pour le faire réagir, mais la elle cherchait simplement a le rammener a la raison... beaucoup plus calmement.

Personne ne pourra nous la ramenner ... personne... Mais toi, t'es encore la, et on veut pas te voir t'eloigner comme t'es entrain de le faire. Où est ce que ca va vraiment nous menner tout ca? Plus tu vas t'isoler Julian, plus se sera difficile de te sortir de la dedans... T'es pas ma marionnette comme tu peux me le dire, mais t'es mon frere, mon petit frere, et que ca te plaise ou nan, j'ai pas envie de te savoir tous les jours entrain de broyer du noir... tout seul. Dans la solitude il y a rien de bon, surtout quand on va pas bien...

L’absence de Mary au quotidien était sensé devenir supportable au fil des mois. Pour sa part, il n’en était pas là. De part son esprit, elle se manifestait de bien des façons. Il refusait encore de tirer un trait sur certain détails mais quotidiennement, il s’obligeait à l’éloigner lentement de lui. Ranger certaines de ses affaires, lui était insupportable mais il était conscient qu’il devait en passer par là. Elle n’aurait pas voulu le voir se morfondre et il en était conscient. Pour une fois dans sa vie, il voulait juste passer du temps avec elle, d’une certaine façon. Mary n’était plus physiquement près de lui, mais il y avait les souvenirs et tout ce qui lui apparteanait, tels que ses bijoux, ses parfums, ses vêtements et d’autres encore. Toutes ses choses dont Julian n’était pas encore prêt de se séparer. Entendre les propos d’Eden n’était pas soulageant. Bien évidemment, il comprenait son geste. Elle l’aimait et c’était la raison pour laquelle, elle le poussait sans relâche quitte à le blesser. Toute ce qu’elle voyait c’était qu’il repoussait toutes les personnes qui lui était proches. Mais ces personnes s’étaient elle mises à sa place l’espace d’un instant ? Eden était sa sœur et il se rappelait de combien elle était proche de Mary. A vrai dire, il ne doutait qu’elle aussi souffrait, bien que cette dernière différent complètement de la sienne. Les vagues propos de Julian alertèrent Eden et ce dernier grimaça, il aurait du être bien plus discret ou même se taire. Cependant c’était trop tard et il connaissait sa sœur. Elle ne lâcherait pas le morceaux tant qu’elle n’aurait pas ses réponses, quitte à lui faire subir un interrogatoire poussé. Il prit ainsi une lente inspiration, sans pour autant changer de position avant de finalement lâcher, spontanément :

« Laisse tomber. Tu ne peux pas comprendre… » secoua-t-il la tête en posant son regard dans le vide, sur la table. Bien sur qu’elle ne pouvait pas comprendre ce qu’il traversait. Il ne le lui souhaitait pas d’ailleurs. Mais l’espace d’un instant, il voudrait qu’elle comprenne qu’il ne prenait pas ses distances pour vivre seul son deuil mais pour se préparer à affronter l’absence de Mary, et surtout pour être capable de gérer ses crises. Il ne pouvait pas se permettre de craquer dès que le sujet de sa femme serait abordé. Visiblement, personne n’avait songé à la souffrance qu’un tel moment représentait.

Il aurait du partir lorsqu’il en avait encore l’occasion. Eden ne l’aidait pas. Elle se faisait une fausse idée des raisons de son isolement. A croire que c’était son vœu le plus cher. La solitude avait ses avantages et en effet, il ne voulait parler à personne mais à cet instant, il aurait préféré l’entendre se taire, plutôt que de lui sortir ce discours de psy de bazar. Néanmoins, il reconnaissait qu’Eden n’aurait jamais réagit ainsi, si elle n’était pas sérieusement inquiète à son propos. Derrière ses lunettes, il la fixa intensément, comme cherchant à lire dans son esprit.

« Je ne m’éloigne pas… au sens où tu l’entends. Je sais que ça en à l’air. Que je prends mes distances, que je ne rappelle personne… mais mettez vous à ma place, bon sang ! A chaque fois que vous me regarder, vous attendez précisément l’instant où je vais m’écrouler. Tu crois que ça m’aide à aller mieux ? que je vais me sentir mieux en sentant vos regards sur moi, vous inquiétant pour ma vie ?! Je ne suis pas dépressif. Je suis malheureux, triste, déboussolé, ravagé par le chagrin… et je sais ce que je fais Eden. Tout ce que je fais, c’est justement… pour aller mieux. » soupira-t-il, ses mains toujours agrippées à cette chaise qu’il relâcha finalement lentement. « Je reviendrais quand je serais prêt. Pour l’instant… j’ai besoin d’espace, de sauvegarder mes souvenirs et de m’assurer que je ne craquerais pas devant tout le monde, dès que son prénom surgira dans une conversation. Je ne fais pas ça contre vous. Je le fais pour vous d’une certaine façon… mais pour l’instant, je ne suis pas prêt. Donne moi encore du temps, c’est tout ce que je demande… » articula-t-il dans un souffle semblable à une prière suppliante. « Je ne cours aucun danger. Je ne commettrais aucun acte qui pourrait s’avéré destructeur… elle ne me le pardonnerait pas et toi non plus. Je ne la décevrais pas. Elle veut mon bonheur… mais pour en arriver là, je dois d’abord parvenir à gérer cette souffrance. Personne ne peut le faire à ma place. Alors cesse de vouloir me protéger, Eden. S’il te plait. »

» Julian B. Wilson ●● Love is a mystery [terminée]